Quand un livre t'ouvre les yeux
Quand j'ai décidé de me lancer dans l'aventure entrepreneuriale, j'avais 25 ans et j'étais déjà une grande résiliente ! J'ai raconté mon parcours professionnel, mêlé de quelques éléments personnels, mais je ne suis pas rentrée dans les détails. Aujourd'hui, chez mon libraire préféré (Joie de Livres, Annecy), je suis tombée sur le livre "L'or de nos cicatrices" d'Anya Tsai. En plus d'un marbre doré évoquant le kintsugi, le sous-titre et la 4e de couverture évoquent très explicitement ce dont elle parle : la résilience suite au viol qu'elle a subi à 15 ans.
Et là, je me suis dit : IL EST TEMPS DE DIRE LA VERITE !
Attention : les mots qui suivent peuvent heurter la sensibilité
Je ressens depuis longtemps le besoin de raconter ma vérité. Si j'ai décidé de m'intéresser à la résilience, il y a très longtemps déjà avec les livres de Boris Cyrulnik (s'il est encore besoin de le présenter), c'est parce que j'ai vécu moi aussi un viol avant mes 21 ans. Ou plus exactement : 4 viols domestiques (ce sont des viols commis par la personne avec qui on est couple. A l'époque déjà, j'étais consciente de la gravite de la situation mais je suis restée dans ce couple malsain plusieurs mois), 3 agressions sexuelles (à différents âges par différents hommes), et 1 harcèlement sexuel (qui a duré un an de lycée). N'oublions que 100% des femmes ont subi du harcèlement de rue. Pour d'autres comme moi, c'est allé beaucoup plus loin.
Donc oui, je propose d'accompagner les personnes victimes de burn out, de licenciements et de harcèlements moraux au travail parce que j'ai vécu de telles expériences. Mais au fond de moi, celle qui se bat toujours, avec parfois l'impression que ce sont des moulins à vent, elle se bat contre sa propre impuissance, lors de ces viols et agressions sexuelles. Car je n'ai pas pu me libérer de l'emprise physique d'un homme et ça reste un traumatisme psychologique important. Mais malgré le fait que toutes ces expériences personnelles et professionnelles ont été causées par des hommes, je ne suis pas devenue androphobe. D'autant plus que j'aime mon conjoint qui m'a guéri de ces expériences traumatiques ! Et je suis ravie si je peux aussi aider des hommes à dépasser les expériences traumatiques (et je m'adresse aussi aux non-binaires, évidemment !).
Les étapes de ma résilience post-viol
J'ai écrit un livre-témoignage, pour lequel je suis toujours à la recherche d'un éditeur (si vous en connaissez un ?) mais je me rends compte que ça ne me suffit pas. Je ressens le besoin de dire ma vérité. Qu'on arrête de me regarder de haut quand je dis que je suis résiliente, comme si être femme-handicapée-hypersensible ne suffisait pas à justifier ce qualificatif.
Je suis bien consciente que cette révélation est brutale, inattendue mais aussi preuve de ce combat pas encore gagné en moi. Je suis encore en lutte contre mes démons et mon approche de biblio-art-thérapeute s'adresse à des problématiques strictement professionnelles justement parce que je ne me sens pas prête pour le reste. Mais une première étape a été franchie cet été quand j'ai fait lire mon roman à mes amis et à ma famille. Cet article est une seconde étape. L'avenir me dira où elles me mèneront.
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