Silence, on tourne !
Dans le cadre de mon activité d’enseignante en études supérieures, j’ai régulièrement l’occasion de tester de nouveaux formats de cours. En septembre, par exemple, j’ai initié un cours sur « La science-fiction pour anticiper le travail de demain ». Cependant, si le fond du cours est original et la forme du partiel, une nouvelle, l’est également, le cours en lui-même restait assez traditionnel pour moi : je fais cours face à 22 étudiants (issus de la faculté de droit et d’une école de commerce).
Depuis fin octobre, en revanche, je travaille avec une entité blended learning d’un groupe d’écoles regroupant des écoles d’ingénieurs, des écoles de commerce et des écoles de sciences politiques. Un public très varié mais finalement pas si éloigné de mes autres cours.
Non, ce qui m’a sortie de ma zone de confort dans cette expérience, c’est le format du cours : un cours en FOAD. Quezako ?! Me demandez-vous. Il s’agit d’une Formation Ouverte À Distance. Alors, je vous l’accorde l’ouverture dans mon cas n’est pas totale : ce n’est pas un MOOC mais cela touche tout de même plusieurs centaines d’étudiants !
Dans ce format de cours, il y a de la construction de contenus notamment interactifs avec des QCM et des fichiers à télécharger, et surtout dans mon cas, des vidéos d’éclairage pour accompagner l’étudiant dans son apprentissage. Je me suis donc retrouvée durant deux jours dans un studio spécifiquement aménagé pour moi !
Le plateau devait ressembler à un bureau de travail dans un appartement pour illustrer le télétravail. Tout était pensé : grâce à une étude Signs qui a montré que les deux éléments de décor fondamentaux en visioconférence* étaient d’avoir des plantes vertes dans son environnement de travail visibles à la webcam et de l’art (photo, peinture, sculpture). Selon les résultats de l’étude, cela donne une plus grande confiance dans le professionnalisme de l’interlocuteur. La bibliothèque, quant à elle, n’arrive qu’à la 3e place. Mais celle-ci aurait pu être la mienne : un des livres, The Starfish and the Spider, a été mon livre de chevet durant toute ma thèse et l’autre est devenu mon cadeau de Noël ! (pour en savoir plus sur ma thèse)
Pour ce cours, j’ai donc tourné 16 vidéos, de 2minutes30 à 24minutes ! J’ai appris à marcher droit sur une caméra sans avoir le droit de la regarder, à répéter 11 fois le même texte parce que je bafouillais, à regarder droit dans les yeux quelqu’un pendant 17 minutes d’interview, etc. Beaucoup de nouvelles choses auxquelles je n’étais pas habituée, sans compter que pour une hypersensible, avoir deux spots d’éclairage qui éblouissent tout en ne pouvant pas porter mes lunettes pour lire le prompteur à cause des reflets, l’expérience a été intense.
Ressentis
Ce n’est pas mon meilleur portrait 😅 mais c’est le seul que j’ai réussi à capturer dans l’effervescence du tournage. Ça demande une vraie compétence de travailler dans ce contexte professionnel et j’admire les présentateurs télé car l’exercice n’est pas facile !
Pour conclure cette histoire d’expériences, je suis tellement sortie de ma zone de confort que j’ai pleuré à la 8e prise de la même vidéo au début de la 2e demi-journée. Je m’étais mis une pression de performance énorme et quelque chose de purement cognitif me bloquait vraiment. A la fin du tournage, le 2e jour, nous avons réussi à mettre le doigt dessus avec le réalisateur : ma mémoire de travail fonctionne comme une ardoise magique (la vraie, pas celle de la publicité ! Celle qui n’efface jamais complètement les traits du premier coup) 😳😱. C’est-à-dire que si je fais deux fois de suite la même chose mon cerveau mélange le présent – ce que je suis en train de dire – avec le passé – ce que j’ai lu de mon texte + ce que j’ai bien dit la première fois – et je ne suis plus capable de faire la différence entre ce que j’ai dit un mot plus tôt de ce que j’ai dit dans la première prise.
Cette sortie de ma zone de confort s’est donc avérée riche de 3 points : j’ai expérimenté un nouveau format, j’ai compris un blocage cognitif qui m’a fait défaut toute ma scolarité et j’ai dépassé mon inconfort puisqu’après les larmes, j’ai tourné 10 vidéos définitives d’une traite en une demi-journée contre 1 seule le matin même. 💪🤩
Aujourd’hui je me sens plus forte d’une nouvelle expérience, d’une meilleure compréhension de mon fonctionnement cognitif et d’un dépassement de soi !
Comments are closed